À qui s’adressent les avertissements d’un jugement final du Nouveau Testament ?
J’ai soutenu jusqu’ici que les avertissements du Nouveau Testament s’adressent aux croyants et qu’ils menacent d’un jugement ultime. En même temps, tous ceux qui appartiennent à Dieu et qui sont appelés par sa grâce écouteront les avertissements. Celui qui les a appelés à la foi les fortifiera afin qu’ils n’abandonnent pas la foi. La promesse de Dieu pour leur protection spirituelle n’annule pas l’importance de la responsabilité humaine. Le chrétien est appelé à persévérer dans la foi jusqu’à la fin. La dynamique à l’œuvre ici est similaire à l’appel initial à la foi. D’un côté, Dieu choisit les siens et leur accorde la grâce : la foi est donc un don de Dieu. De l’autre côté, les êtres humains sont appelés à croire et à placer leur confiance dans l’Évangile. L’élection de grâce de Dieu n’annule pas l’obligation de croire pour être sauvé. De même, la responsabilité de croire ne conduit pas à la conclusion que l’élection divine est une plaisanterie. Je maintiens que les avertissements fonctionnent de la même manière que l’appel initial à la foi. Dieu promet de préserver les siens jusqu’à la fin. Mais cette promesse ne signifie pas que la persévérance est une option, tout comme la foi n’est pas une option pour obtenir le salut.
Qu’en est-il de ceux qui abandonnent la foi, surtout si cela ne peut concerner les élus ?
C’est précisément là qu’il faut garder en tête la fonction des avertissements. Ils sont prospectifs et ils exhortent les chrétiens à continuer de s’attacher à Christ, afin de ne pas se tourner vers les idoles (1Jn 5.21). Les avertissements n’ont pas été écrits comme une réflexion rétrospective sur le statut de ceux qui sont déjà tombés. Ce sont des instructions criées aux coureurs pendant la course, des ordres donnés aux soldats au milieu de la bataille. Ce ne sont pas des réflexions de salon sur ceux qui ont déserté pendant le combat. Étant donné la fonction de ces avertissements, nous ne sommes pas surpris d’apprendre que certaines questions souvent posées sur ces passages ne trouvent pas de réponse dans les avertissements eux-mêmes.
La perspective de Jean…
Néanmoins, certains passages du Nouveau Testament évoquent ceux qui sont tombés, ceux qui n’ont pas persévéré jusqu’à la fin. La première épître de Jean veut rassurer ceux qui ne sont pas tombés, afin qu’ils sachent qu’ils ont la vie éternelle (1Jn 5.13). Jean les exhorte à rester fidèles à l’enseignement reçu. L’exhortation est donnée parce que certains ont quitté l’Église et ont probablement formé une nouvelle communauté. L’enseignement hérétique qui y est dispensé n’est pas extérieur à l’Église, il provient de gens qui étaient membres de l’Église avant de quitter la communauté. Comment Jean évalue-t-il ces anciens membres ? Ont-ils perdu leur salut ? Dans 1 Jean 2.19, la réponse est très claire : « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres, car s’ils avaient été des nôtres, ils seraient restés avec nous. Mais cela est arrivé afin qu’il soit bien clair que tous ne sont pas des nôtres. » Ceux qui sont tombés n’ont jamais été vraiment chrétiens. Ils ne sont pas « des nôtres ». La persévérance est la marque de l’authenticité et ceux qui ne persévèrent pas démontrent qu’ils ne font pas vraiment partie du peuple de Dieu. Voici l’aperçu rétrospectif qui manque aux avertissements. Aucun élu véritable n’abandonnera la foi, et ceux qui agissent ainsi révèlent qu’ils n’ont jamais été vraiment sauvés.
puis celle de Matthieu…
Cette perspective ne se limite pas à 1 Jean. Ainsi Jésus parle des œuvres remarquables qui semblent être réservées aux chrétiens, et pourtant il souligne que, parmi ceux qui font de telles œuvres, certains ne recevront pas la vie éternelle.